On continue le
tour des musées avec un musée tout proche du précédent et pratiquement en face.
Nous avions fait les deux le même jour en fin de matinée d’ailleurs, en une
heure. Ce fut rapide mais très instructif !
Voici un musée
qui ne pouvait me laisser indifférente puisque l’éducation et moi, c’est une
longue histoire de famille. Je viens d’une famille de professeurs, ma mère l’était et
notre vie fut façonnée par ce métier. C’est parce qu’elle a été en coopération
au Maroc que j’y ai passé une grande partie de mon enfance. J’ai longtemps
passé des journées chez elle, au fond de la classe, au lieu de traîner en
garderie. Je regardais si les élèves en dactylo, qui portaient une sorte de tablier cachant le clavier
étaient sages hi hihi. Des élèves presque adultes !!!! Qui avaient la
gentillesse de tolérer ma sévérité d’enfant de prof, croyant sévir de droit sur
la classe de maman. Mes tantes ont été profs, ma cousine aussi. De toute part, finalement, mon destin était
scellé et j’étais cernée. Un beau métier ! Qui présente ses défauts, on
est exigent, on est émotif, on veut tout revoir, réformer, on a toujours son
mot à dire, pour faire dire à ses proches voire à sa moitié « mais je ne
suis pas un élève !!!!!!!!!! ». Mais revenons à nos moutons.
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musée de l’éducation Tunis blog didondouda
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Le musée est
intéressant et je l’ai visité maintes fois seule pour des raisons différentes
que celles pour lesquelles Douda pouvait être intéressé. En croisant en effet
les anciens manuels de lecture chez les bouquinistes, j’ai mesuré à quel point
les textes, anciens, étaient bien ciblés et correspondaient à des écrits
typiques dont pouvaient s’imprégner l’élève, en plus des textes d’auteur. Des
textes simples, organisés par thème (l’école, la famille, l’été, la maladie…)
même si certains sont un peu dépassés (la ville et la campagne). Parfois du
vocabulaire illustré. Aujourd’hui, on demande aux enfants de produire des
textes typiques, idéalement mécaniquement identiques, qu’on tiendra pour
parfaits et qui sont en fait des expressions toutes faites collées bout à bout.
Pourtant les textes sont loin de les inspirer, prétendant être revus, ils sont
factices, gauches, surfaits. Il suffit de penser aux textes qui prétendent évoquer
les nouvelles technologies, les courses en ligne, avec un grand père qui
apprend au petit comment commander…Un flop total ! Aucune recherche…Voilà
pourquoi j’ai consulté et pris en photo des pages de vieux manuels. En Algérie,
il existe beaucoup de sites ou de pages proposant des pdf ou des images de
vieux manuels, pas en Tunisie, et c’est vraiment dommage.
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Pour Douda, je
souhaitais qu’il découvre ce qui a changé - ou pas ! - dans l’expérience d’écolier
tunisien, et le musée offre un remarquable voyage dans le temps.
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L’organisation
y est rigoureusement étudiée pour y exposer les instruments, cahiers, outils,
manuels et ouvrages des élèves. Deux magnifiques reconstitutions de classe y
sont proposées, une classe d’école islamique, le kouteb et une classe d’école
publique.
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Comme pour le musée de médecine dont je vous ai parlé ici, j’ai préparé
un quizz pour Douda, afin de lui donner envie de mieux découvrir le lieu et de
bien observer les œuvres ou classes. Le voici, les réponses suivent dans l’article.
1. QU’utilisaient
les écoliers autrefois pour écrire ?
2. Qu’est-ce
que « la puériculture » ?
3. Observe
bien la classe reconstituée dans l’école d’autrefois :
• Quelle
était la leçon enseignée ? Continue-t-on d’étudier cette matière aujourd’hui ?
• Que
portaient les élèves (fille/garçon)?
• Cite
trois objets sur le bureau du maître.
4. Observe
bien le « Koutebb » reconstitué :
• Comment
s’appelle le maître ?
• Que
portent les élèves ?
• Pourquoi
un élève est-il attaché pieds en l’air ? est-ce possible aujourd’hui ?
• Sur
quoi écrivaient-ils ? avec quoi ?
La visite
commence par les outils utilisés autrefois pour écrire, le plumier, l’encrier,
la plume et les différents types d’encre, liquide ou en poudre à diluer.
Aujourd’hui, le stylo à plume est peu utilisé mais je me souviens qu’il a été
un de mes cadeaux d’anniversaire les plus convoités !!! Le braille, avec
les textes, l’alphabet et même le coran en braille y est exposé, ce fut l’occasion
d’expliquer ce que c’était à Douda.
Beaucoup d’instruments utilisés en science
sont exposés aussi
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mais j’ai eu du mal à lui expliquer leur usage et il faut
dire qu’en dehors de leur nom, il est dommage que cela ne soit pas affiché…
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L’école
publique est exposée mais aussi le cycle
d’apprentissage professionnel ; avec notamment le pèse bébé, les biberons
à stériliser pour la « puériculture ».
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J’ai découvert avec regret et
Douda me l’a aussi fait remarquer que l’ école normale des instituteurs
comptait les barres Cuisenaire dans les outils pédagogiques…
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En tout cas, cela m’a
encore plus persuadée de leur utilité et nous les avons allègrement utilisés,
cet été, j’en reparlerai.
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Dans la salle
de classe publique joliment reconstituée, on voit un instituteur portant un
tablier gris face une classe mixte. Des élèves à leur pupitre, tout sexe
confondu, qui portant en plus de leur tablier une sorte de col, rigides pour
les garçons et en tissus pour les filles. Le bureau est encombré de cahiers, d’un
lourd cartable, un buvard, une longue règle. Au tableau, la leçon du jour était
la…dictée ! Quand je l’ai visitée seule, 5 mois plus tôt, c’était le « naskh »
ou la copie ! Qui l’a donc changée hi hihi ? Le responsable du musée
fit une entrée inopinée à ce moment sans doute intrigué par le fait que je
fasse le tour avec des explications plus ou moins assurées (j’y étais déjà
venue deux fois…) pour me demander mon métier ( ???) je lui ai dit : prof mais là je suis maman.
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L’autre classe était celle d’un kouteb et
Douda en a fréquenté un pendant quelques semaines, avec une image totalement
différente. Le « Mouddeb » porte une longue tige pour désigner et « corriger »
peut-être l’apprenant. Car ici on apprend. Tous sont par terre sur un tapis en
Halfa, avec une sorte d’ardoise et un kalam. Il a reconnu celui que j’utilisais
quand j’apprenais la calligraphie ! En roseau, il permettait d’écrire en
utilisant une encre faite à base de laine de mouton brûlée, le smagh. Dans le
récipient d’ailleurs je me souviens qu’il fallait en garder un bout de laine
pour que l’encre ne se renverse pas et que le kalam n’en prenne pas plus qu’il
n’en faut. L’ardoise est basique mais une affiche face à un spécimen explique
qu’elle pouvait être décorée en guise de récompense pour celui qui aura appris
le coran en entier.
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Sur le côté, un apprenant est fermement attaché aux pieds
par deux de ses camarades, et il devait attendre son sort, la « falka »,
des coups pratiqués sur la plante des pieds. Pratique critiquée assez tôt, et
déjà dans le code des moudeb autrefois on mentionnait qu’il ne fallait pas
frapper ni au visage ni sur la tête ni priver un enfant de boire ou de manger
en guise de punition.
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Actuellement,
Douda me fait remarquer que c’est bien aujourd’hui, que cela soit interdit. Il
ne m’empêche que la violence continue de sévir autrement, sans coup, par la
pression ou le stress mais on ne peut évidement pas tout avoir !
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Le second étage
est consacré aux instruments de musique ou
aux multimédia. Où l’on voit que les écrans se sont rétrécis…J’ai trouvé
l’étage un peu moins documenté, c’est dommage ! Beaucoup d’artistes
viennent des activités et troupes parascolaires on aurait dû faire le lien..
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A la fin, il a
découvert le « bureau » légué par feu Messaidi, autre monument littéraire
tunisien. Le seul qu’il connaît pour le moment est Chebbi, l’auteur de l’hymne
national. ET bien sûr le fameux dactylo que j’ai pu, vu mon expérience de fille
de prof de dactylo expliquer. On a donc comparé la machine à dactylo avec le clavier d’ordi (oui c’est
le même AZRTY OU QUERTY), la facilité (une feuille à tourner oui mais pas d’imprimante
à chercher, et bien sûr difficile de corriger, pas de touche SUPPR). Finalement, chacun a des plus et des moins!
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A la question
que préfères-tu ? Ecolier aujourd’hui ou autrefois…Bien entendu pour lui
actuellement c’est mieux…Ma réponse serait moins tranchée. On autant intérêt à relativiser les expériences éducatives dans l’espace soit les pays que dans le temps, le passé est instructif… Mais une chose l’a
fasciné c’est la photo du lycée technique autrefois, il s’est amusé à
com^parer avec le pont, la chaussée maintenant et avant. Visages de la ville au
fil du temps, une autre idée à creuser pour lui, j’y pense !!!
Musée De L'éducation nationale
Adresse : 130, 1006, Boulevard du 9 Avril 1938, Tunis, Tunisie
Accès gratuit/ Ouvert en semaine