mardi 18 juillet 2017

(Comment) peut-on ne plus être nul en maths?

             La blessure mathématique. Je ne vois pas comment l appeler autrement, tant mon fils semble souffrir quand il est question d en faire. Et sur les trois difficultés qu il a rencontrées, celle-ci est vraiment la plus difficile à guérir. Pourquoi?

 Une difficulté  en maths parmi d'autres


             Lorsque il commençait à apprendre à parler, il a eu du mal à entrer dans le langage. Non qu il ne voulait pas mais il ne pouvait pas entrer en langage, il était comme de l autre côté de la langue, comme derrière une baie vitrée. Il mélangeait des syllabes, baragouinait des sons se plantait devant moi, les sortait mais....ça ne voulait rien dire. L envie de communiquer, le geste, le sens étaient là mais les mots ne se construisaient pas. Ce n est que la socialisation avec les autres enfants et par imitation qui l a aidé et il a très vite parlé. 
           Lorsqu il fallait apprendre à lire, les lettres et les signes écrits le laissaient indifférent. Nul besoin de les connaître. A quoi bon? L urgence de la situation au jardin d enfants et même plus tard ne l ébranla pas. Bien sur, en voyant les autres lire,il devait bien se sentir largué mais il était comme de l autre côté du miroir. C était joli de l autre côté mais il ne savait pas vraiment comment passer. Les autres devaient être passés par un chemin secret qui lui était inconnu. Avec l urgence de la situation à l entrée de la deuxième année, où il ne savait pas lire, il s est débloqué parce qu il a trouvé le chemin détourné des alphas, puis les méthodes similaires en arabe, et je vous en parlais au début de ce blog. Avec énormément de lacunes, il réussit à lire, écrire, et un peu produire. Il est loin mais pas délaissé.

La spécificité de l'apprentissage mathématique

C est sans doute cela qui distingue l apprentissage de la littératie de l apprentissage des maths. Je ne comprenais pas pourquoi la lecture et l écriture pouvaient suivre malgré tout. Qu il lui était possible de gérer à la fois ET  ses soucis ou lacunes personnelles ET le programme qu il nous arrivait de devancer. Cela semblait infaisable en maths. On essayait bien de deux trois mille façons différentes, certaines choses lui étaient absconses. Par exemple, les tables d addition . L utilité des compléments à dix. Les moitiés et leur utilité.ou alors une fois un point acquis, il s apprête aussitôt à l appliquer à tout ce qui croisera dès lors son chemin ou... Il oublie. C est que foncièrement le système d apprentissage, ou d acquisition est différent. En maths, il n y a pas de chemins détournés. Ou plutôt sans doute mais il faudra passer TOUJOURS par certains points. On ne peut sauter d étapes. On peut y aller autrement contourner, mais certaines stations sont ABSOLUMENT NÉCESSAIRES.  Alors qu on peut très bien être cultivé, connaître ses classiques, avoir une grande finesse littéraire mais....commettre des fautes d orthographe, en maths non. Pas de décalage possible.
               C est ce que j ai fini par comprendre notamment après avoir longuement lu les outils mis en place par les frères Lyons. Que j ai contactés pour savoir par où démarrer éventuellement. Que j ai recontactés par désespoir pour demander si un jour il peut progresser... Ils expliquent que certaines compétences peuvent facilement être détectées ( par ex le fait d être opératoire ) par des jeux simples, et que l entêtement qui consiste à refaire mille fois les exercices ( ahhh les séries chères aux matheux!!!)  apprend surtout des réflexes et non des réflexions. On plaque des réactions face à des situations factices, par ex, quels signes il faut utiliser, immédiatement à la lecture de mots clés comme فارق ، ربح، مجموع. Des bouées voila ce que c est. De compréhension ou imagination que nenni.

                 Difficultés en maths et éducation surprotectrice, l'étonnant rapport!

              Par ailleurs, et ce fut la grosse gifle que j ai reçue à la lecture des différents numéros de Mathadore, la magazine gratuit des frères Lyons, ils établissent un parallèle à la fois étonnant et évident entre les maths et l éducation. L esprit/compétence/ habileté mathématiques et l autonomie qu on aura donné à notre enfant. Beaucoup d erreurs, d errements sont dus selon eux à la peur de se tromper, de prendre des risques. C est vrai' qu à certains moments quand je trouve une erreur et que je demande a mon fils de m en expliquer la présence alors qu il connaît la bonne réponse il s avère que...il n avait pas confiance, ça paraissait trop simple, un piège. Les auteurs évoquent des exemples très concrets, comme le fait qu'on empêche un enfant de monter ou descendre l'escalier, qu'on le surprotège dans l'apprentissage de la marche, qu'on donne une vision très premier degré de la vie. Ils recommandent d'ailleurs souvent de dire des choses un peu décalées, de titiller le sens critique ou commun de l'enfant, de donner des réponses complètement improbables afin de le pousser à saisir l'ironie et je ne connais, en tant que lectrice, rien de plus difficile à comprendre ou à saisir même plus tard chez les gens!
            En résumé, il est nécessaire de reprendre là où les choses commencèrent à aller mal ( la maternelle) quand on aura la temps, en espérant que la fin d année se passe bien...ce n est pas    un luxe, mais une nécessité qu on ne peut contourner pour enfin construire.  Avec lui, et la méthode Lyons, j ai vu que mon fils était a la fois mature et immature. Les auteurs avaient recommandé de ne rien dire ( début du volume 1), face aux réponses justes ou absurdes sur la     conservation des liquides. Mon fils ne' me répondit pas de façon incorrecte, mais pas de façon exactement correcte et simple. Il me dit " on dirait que....mais en réalité ....." Ce qui pour moi était l indice qu il avait très bien géré et la question et les attentes. À suivre...

ÉDIT DU 19/7: çet article à été rédigé quelques temps avant les examens de fin d'année . Ca       s annonçait plutôt difficile, et jusqu a peu de temps les notes étaient plus proches du zéro que de la moyenne. Ce qui a changé était ma vision du problème qui était désormais pour moi un symptôme et pas une maladie. La conviction aussi que pour régler cela il faudrait de la patience beaucoup d entraînement ( et non des exercices tout bêtes ) et surtout accepter de revenir à des choses très simples. Abandonner l idée d apprendre par coeur les tables d addition. En faire un jeu, un plaisir et pour cela il n y a pas mieux que les manipulations , les outils qu il affectionne ou qu il découvre ( cuisenaire) les loisirs créatifs ( topla, ex déclics et des trucs ' m inspirent beaucoup!). En fin d année, il a gagné 10 points par rapport à l année dernière ! inespéré et surtout émouvant pour nous deux. La logique y était, les bons calculs aussi, la rigueur . J étais vraiment très fière de lui! Mon éternelle amie, A., avait raison, travailler les bases même tard permet d'avancer même doucement . C est le premier été "cool" depuis l entrée à l école ! 

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