jeudi 11 avril 2019

Donnez envie d'apprendre!

J'aime beaucoup les éditions Eyrolles et je trouve souvent leurs livres très bien faits, sans bavardage inutile, avec pas mal d'illustrations et d' encadrés utiles. Moi qui étais réticente à la vague développement personnel, j'avoue avoir été agréablement surprise par les livres qu'ils proposent. Ils vont droit à l'essentiel, et on sort vraiment avec un plus tout en ayant envie, éventuellement d'aller plus loin. 
avis sur Donnez envie d'apprendre par l'équipe Sydo

Dans la série des ouvrages consacrés à la pédagogie et à l'apprentissage, je suis tombée sur ce petit bijou d'humour et de conseils qu'est: Donnez envie d'apprendre, kit de survie du formateur fait par l'équipe Sydo, agence de conseil en pédagogie. 
Dans la première partie, on explique comment marche l'apprentissage. On en profite pour tordre le cou aux idées reçues, et pour expliquer l''importance de la perception, des deux leviers que sont l'attention et la motivation pour l'apprentissage et enfin comment on mémorise. Dans la seconde partie, une boîte à outils est proposée, elle permet d'optimiser la formation. Les auteurs abordent le schéma, l'image, la vidéo, le jeu ( oui!!) et le storytelling, car on adore se raconter des histoires, quel que soit notre âge!Enfin, dans la dernière partie, les profils d'apprentissage sont évoqués, pour pouvoir les repérer et adapter les pratiques en fonction de ces profils d'apprenants.
Avec des citations-clés et des témoignages de formateurs mais aussi d'apprenants, des graphiques simples et pertinents, on se souvient et on retient les éléments clés de ce qui fait la réussite d'un apprentissage. Voici, pour ma part, ce que j'ai retenu de plus  importants. 

Les clés d'un apprentissage optimal: attention, motivation et mémorisation

Pour (mieux ) apprendre, il est nécessaire de solliciter tous les sens et d'impliquer l'élève. Selon le cône d'apprentissage d'Edgar Dale, nous apprenons 90% de ce que nous faisons contre 10% seulement de ce que nous lisons! Tous les pédagogues vous le diront, Montessori en tête. Il faudrait donc que l'apprenant soit actif, et non qu'il reçoive (pas ...) passivement.
Deux leviers essentiels boostent l'apprentissage, l'attention et la motivation. L'attention s'entraîne et s'obtient par une présentation séquencée et bien agencée de sa formation mais aussi par la...passion! Eh oui, on passionne quand on est soi-même passionné. 
La motivation, je savais bien qu'elle était importante, voire cruciale  d'après mon expérience de maman, de prof, et de chercheuse, mais j'ai appris qu'il en existait deux sortes, et que je ne flattais pas forcément la meilleure! La motivation extrinsèque est relative au volet punition (je ne le fais pas!) et récompense (je pensais ainsi motiver mon fils, et lui aussi en réclame).  La motivation intrinsèque est liée à l'individu, à ses besoin et à son plaisir. Or c'est bien cette motivation intrinsèque qui est importante, on peut se l'imaginer quand on se souvient d'un moment de notre apprentissage où on a eu le déclic pour quelque chose. La lecture, la compréhension d'une règle, qui entraîne une sensation de plaisir intense, et qui motive le cerveau davantage. Donc on n'est pas vraiment motivé quand on s'accroche au cadeau ou qu'on a peur de la punition, quand on cherche à être le meilleur ou éviter le pire. La motivation naît d'abord du sentiment d'apprendre quelque chose, qui nous serve dans la vie, pour se sentir concerné. C'est pour cela que nous sommes touchés par ce que dit Gad Elmaleh dans son sketch sur l'utilité des théorèmes de maths pour se sortir d'une situation !! La motivation découle aussi de la confiance en soi et non de la peur de l'échec qui peut inhiber. Enfin, c'est ce qui est le plus difficile à doser, du côté du formateur (et des parents!), il s'agit de savoir accorder de l'autonomie. On va peut-être dans une direction différente pour arriver au même but, c'est destabilisant pour le formateur mais parfois salutaire.
La mémorisation, son fonctionnement et la façon de la faciliter. Là encore, j'ai appris des choses! Je savais déjà - vu une première formation de psychologie  cognitive pour moi- que plusieurs types de mémoires existent, comme la mémoire sensorielle ou celle à court terme ou celle à long terme. Leur durée de stockage et la quantité d'informations varient. J'apprends que la mémoire n'est pas infinie, non, les réseaux neuronaux sont limités et donc l'oubli est bien nécessaire pour apprendre de nouvelles choses! 
Pour faciliter la mémorisation, il existe plusieurs astuces. Il s'agit d'abord de faire des liens parce que la mémoire fonctionne en arborescence. La meilleure manière de la faire est d'utiliser des schémas et  aussi de recourir aux associations d'idées, des sortes de raccourcis. Cela peut être une image, un personnage représentattif pour l'enfant. C'est d'ailleurs pour cela que c'est important pour l'apprentissage de l'alphabet par exemple, j'y reviendrai prochainement. Autre élément important, catégoriser. Bien ranger les informations, c'est permettre de la retrouver facilement!Les grilles, les classements permettent de retenir mieux que si les informations étaient livrées en bloc. Parce que la durée d'une séance est malgré tout limitée, il faudra soigner deux moments clés, le début et la fin puisque la mémoire y est particulièrement réceptive, c'est ce qu'on appelle l'effet de primauté et de récence. C'est pourquoi bien démarrer est important mais clore avec un récapitulatif pertinent est tout aussi crucial. Enfin, on se souvient plus facilement de ce qui a été accentué. Cela peut-être un visuel, un feutre, un geste surprenant qui éveille! Il s'agit de frapper en suscitant l'émotion pour capter. Enfin, répéter, répéter, et encore répéter, la stimulation réitérée du cerveau lui permet d'ancrer la connaissance. 

Quelques outils pour faciliter l'apprentissage

Je ne m'attarderai pas sur les outils car les auteurs ont prévu des liens vers des vidéos, et des conférences montrant en live en quoi tel outil est intéressant et "une image vaut mille mots" comme le disait Confucius. On parle non seulement des outils, mais aussi de l'attitude du formateur, car le "matériel" est utile mais ne suffit pas. Visionner des conférences comme celles de TEDEX le montre bien, les conférenciers auront soigné le contenu en amont avec le recueil de l'information, le tri et l'organisation mais la forme est absolument importante. Cela se travaille, cela s'anticipe (ah les contraintes et les imprévus techniques qui vous gâchent tout)
On y apprend que les schémas ne s'improvisent pas, il y en a plusieurs, et ils se préparent. D'autres points sont évoqués pour l'image, et on y apprend que sa valorisation n'a pas été évidente, Platon, par exemple, la considérant comme allant à l'encontre de la pédagogie!D'autres aspects sont traités, les mindmapp, les logiciels qui cocurrencent powerpoint comme Prezi, les pictogrammes ou les vidéos. Mais aussi le jeu, les défis, qui engagent l'apprenant et pas seulement les enfants! Le storytelling aussi est abordé ainsi que les profils d'apprentissage résumés et présentés en paires opposées: les  analytiques et les synthétiques, ceux qui préfèrent travailler seul ou en groupe, les visuels et les auditifs (quoique! les auteurs disent que rien ne prouve qu'on est SOIT l'un SOIT l'autre, je pense bien qu'il s'agit là d'un "neuromythes").
En conclusion, qu'on soit formateur comme le lectorat désigné par le sous-titre ou élève, parent ou professeur, le livre offre des conseils précis, adossés à des théories scientifiques et des témoignages précieux. J'espère que cet article vous aura été utile, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire et le partager si vous avez aimé!


Donnez envie d'apprendre !Kit de survie du formateur, Sydo. Paris: Eyrolles, 2015


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